La notion de désir incite les hommes à s’attacher désespérément à toute chose. Cet attachement peut être d’ordre matériel comme on s’attache à sa voiture, à sa maison, ou de manière plus abstraite, comme on s’attache à son conjoint ou à ses enfants. D’emblée, nous allons jusqu’à nous attacher à des souvenirs du passé, à des maux, et même à des maladies pour nous identifier et donner un sens à l'existence.
Nous pratiquons ces actions inconscientes par intérêt, dans le but par exemple de saisir un moment, et de faire en sorte que ce moment figé nous donne l'impression qu'il nous appartient. Ainsi, on collectionne souvenirs et objets pour habiller l'espace de notre conscience et définir la limite de notre champ d'énergie, qui sans cela, nous paraîtrait trop grand. Notre attachement aux choses passe par divers degrés et notre désir de posséder, de s’accrocher à ce que nous avons acquis, amassé ou édifié tout au long de la vie nous sépare encore une fois de l'unité.
Curieusement, ce n’est qu’au moment de rendre l’âme que nous sentons l’obligation de nous séparer de ces attachements. Bien évidemment, nous ne sommes pas prêts, et l'amplitude de cette souffrance se juxtapose à l'inconnu. En fait, nous avons besoin de demeurer individuel et pourtant, à force de l’être, nous nous sentons de plus en plus isolé.
Ces gestes répétés de saisies, ces perceptions mentales de vouloir retenir quelque chose qui aspire à bouger, à prospérer, ou à évoluer n’engendre pour l’homme que souffrances et désespoirs, car de cette façon, nos désirs ne peuvent jamais être assouvis. Nous sommes dans une quête perpétuelle d'objectifs à réaliser, et tout ce que ces objectifs génèrent, ce sont des petites étoiles à coller dans son cahier.
Ne nous leurrons pas. Les bonheurs illusoires existent par milliers, de même que les paradis artificiels qui appartiennent à ceux qui regardent la vie avec les yeux de l’illusion. Cette mort de l’âme, nous la connaissons trop bien pour y avoir participé depuis longtemps ; ce que nous avons à apprendre aujourd’hui, dans l'édification d'un nouveau monde, c'est de laisser notre héritage derrière nous.
Les choses sont sujettes à la non-permanence alors que tout change et se transforme et qu’en fin de compte, tout changement est précaire. En fait, nul être, nul objet ne demeure pareil à lui-même plus d’un instant. Tout ce que nous observons, nous entendons, nous ressentons est en état de transformation perpétuelle. Il y a la naissance, la croissance, le déclin et la destruction; la mort et le recommencement.
Nous sommes dans ce mouvement et l'avons toujours été. Nous avons participé à l'illusion d'un monde sans savoir que nous étions aux commandes, et maintenant nous sommes prêts à devenir ce monde.
Lady Isabelle
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